Sélectionner une page

Cette semaine, je suis allée voir à la Fondazione Stelline l’exposition dédiée aux travaux photographiques d’August Sander, photographe des années 20 qui cherchait à rendre compte du quotidien de son temps au travers de portraits de personnages définis par leur milieu social ou leur profession, et de Michael Somoroff, photographe américain contemporain qui, grace à un travail sur l’image, met en lumière la richesse des photographies de son prédecesseur.

absence of subject absence of subject

L’exposition se présente comme un face à face: d’un coté, les photos de Sander, instantannés de cuisiniers, paysans ou gens des rues saisis dans leur quotidien, chez eux, sur leur lieux de travail ou sur « la route qui mène à l’église »… de l’autre, les memes clichés retravaillés par Somoroff et privés de leur sujet, scènes désormais vidées des personnages qui les animaient. Ces photos sont belles pourtant, et non dénuées d’intéret, car au delà du jeu de memory généré (ici, je reconnais la table des forains, et là, la haie devant laquelle se tenait la fille du fermier…) et amplifié par le mélange volontaire des paires dans la salle, ce qui frappe sans équivoque, c’est bien l’idée d’absence et donc, par un étonnant tour de passe-passe, de présence.

mostra somoroff fondazione stelline

L’absence de sujet comme sujet, il fallait y penser, et il est vrai que l’idée du fantome, de présence invisible est immédiatement suscitée par ces portes entrouvertes sur rien, ces livres feuilletés par des ombres et ces ustensiles sans personne pour les manipuler. A tel point qu’on est à deux doigts de se demander si, sans avoir auparavant vu les photos originales de Sander, on aurait pas tout de meme pressenti le manque sans se l’expliquer.

michael somoroff milano

Au sous-sol, la métaphore est filée avec l’animation de certaines des photos vues au rez-de-chausée, et tandis que les portes n’en finissent pas de s’entrouvrir et que les rideaux volent au vent, une chaise semble appeller son propriétaire, seule au milieu d’un champs ondoyant…

absence of subject video

Absence of subject- jusqu’au 7 avril (de mardi à dimanche 10h-20h, entrée 6euro)- Fondazione Stelline – corso Magenta 61- Milano