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J’adore les cours de cuisine, ces moments de partage où la cuisine n’est plus vue comme un loisirs de bonne femme ou de goinfre, mais comme un truc très sérieux où chaque minute compte, celles du temps de pétrissage ou de cuisson comme celles qui passent dans l’attente du refroidissement avant de pouvoir goûter (dans un but purement critique et studieux, entendons-nous bien).

J’aime bien aussi regarder les gestes d’une précision scientifique (tamiser la farine, utiliser un timer, peser les ingrédients au gramme prêt) tout en sachant qu’une fois dans ma cuisine la recette prendra une dimension plus improvisée… Parfois c’est le contraire aussi, et la joie secrète éprouvée à la vue du chef qui utilise du chocolat déjà en pépites, alors que j’ai la patience de hacher moi-même mon chocolat au couteau…

Ainsi la semaine dernière je suis allée découvrir le nouvel espace cuisine de la librairie Mondadori Duomo à Milan. Au delà des rangées de livres et ustensiles, derrière une paroi vitrée, s’ouvre un nouveau terrain de jeu: les cours proposés par qbtobe (comment ça c’est imprononçable?). Aux commandes ce jour, ma copine So et ses recettes de desserts, l’occasion de battre un record d’utilisation de beurre, de battre des oeufs toutes les 5 minutes et de pouffer entre filles à la vue du paquet de sucre qui s’amenuit à vue d’oeil…

De financiers en madeleines (à force qu’on me pose des questions sur Proust, il va bien falloir que je me le farcisse, le dernier tome, pour ne pas faillir à ma réputation de française érudite), de tarte au citron (pardon maman) en charlotte choco-poire et nougatine, nous voilà à disserter sur les mérites comparés du caramel avec ou sans eau, à se demander si les madeleines sont meilleures consommées le jour même ou le lendemain, quand elles collent un peu, et à tenter de déterminer quel fruit peut se substituer à la framboise dans les financiers pendant les longs mois d’hiver (où on ne va quand même pas se passer de financiers, quelle idée!)

J’aime bien aussi l’idée d’avoir à soi, pour quelques heures, une cuisine de malade, énorme, avec des prises par milliers, des plans de travail longs comme ça et suffisamment de spatules/cuillères/saladiers pour ne pas avoir à faire la vaisselle en cours de recette… (même si j’aime un peu moins l’idée du domestique colombien qui déambule au fur et à mesure pour laver les casseroles et balayer les miettes)

Par contre, j’adooore l’idée qu’à la fin du cours, on s’asseoit tous ensemble autour d’un verre de rouge et d’une montagne de gâteaux, ça pépie et ça jacte, ça parle confusément de tout à la fois, de pain au chocolat/ma dernière crème brulée/ma fille m’a dit/j’adore la cardomone/mon fils n’aime pas la canelle/tu les trouves où tes moules à madeleines/et le sumac dis, t’en a du sumac?…

Après, je suis ravie de repartir (ahhh, béni soit le silence), pleine d’envies culinaires et de fièvre gastronomique (je veux un robot, et aussi faire des éclairs) (et des noodles) (et du cheesecake et du gazpacho aussi), et c’est un peu comme d’avoir un secret que de déambuller dans la foule après un repas de midi honteusement constitué d’une tarte au citron et d’une énorme part de charlotte!

Sur ce bel élan culinaire, je vous laisse le choix de la prochaine recette sucrée du blog: dites moi si vous êtes plutot pains aux raisins/ biscuits à la cuillère/gateau de ricotta ou tarte au citron, justement?!