Sélectionner une page

ce qui est bien avec cette chaleur, c’est qu’on s’habitue à dormir peu… voilà qui laisse présager un automne productif… samedi matin, mon allure de zombi m’a dissuadée d’affronter à 6h un train bondé pour la Liguria, au profit d’un peu de repos au grand air du ventilateur… et d’un après-midi au lac, plus qu’acceptable pis-aller… une baignade dans l’eau fraîche et même un peu de vent, une glace dans le port de Torno et des discussions autour d’une traduction plutôt approximative des consignes de navigation… (jugez vous-même: « veuillez, quand possible, payer vos tickets en monnaye » et « les chiens de petite taille (ne pas supérieurs à 50cm. de longueur)« )… avec comme toujours une envie d’aller coller son nez aux vitrines des agences immobilières…

un retour à Milan à la nuit tombée, où la chaleur et les moustiques nous attendent… sachez que pendant deux ans, à la suite d’un fabuleux traitement pulvérisé sur la ville et ses alentours, il y a eu relativement peu de moustiques… ils sont revenus cette année, plus forts que jamais, trainant à leur suite une cohorte de mouches, coccinelles et libellules, faisant fi de la citronelle, bravant les aérosols pourtant radicaux, se riant des diffuseurs électriques… (je suis quasiment certaine que, cette année, ils passent même à travers les moustiquaires…)

du coup, vers 2h du matin, quand il devient évident que le marchand de sable s’est sans doute vu obligé d’aller refaire son stock de sable quelque part aux Bahamas, je finis par lire tout ce qui me tombe sous la main… la collection de Simenon du Mec, le guide du routard, les solutions des mots fléchés…

aussi, cette nuit, pour vaincre l’ennui, me suis-je lancée dans la lecture de « la baie des anges » de Max Gallo… un auteur sur lequel j’étais bourrée d’a priori… j’imaginais déjà une grande saga familiale sur fond historique, un truc « à la France télévision »… mais comme ce livre faisait partie d’une pile de romans prétés par une personne de bon goût, et que la dernière saga historico-familiale lue m’avait passionnée (et qu’il me fallait un livre lourd à portée de main pour écraser les moustiques…) (ceux-ci ne sont pas les seuls à subir une évolution, moi aussi je m’améliore au fil des étés en rapidité et en précision…)…

et c’est ainsi que j’ai lu « la baie des anges »… en réalité, il s’agit bien d’une grande saga familiale sur fond historique… c’est même tout à fait ça… l’histoire de trois italiens, trois frères, partant en 1890 pour Nice chercher du travail, qui connaitront revers de fortunes, désillusions mais aussi aventures, amour et gloire inespérée, le tout entrecoupé de départs pour la guerre, formation d’une internationale ouvrière, trahisons et grippe espagnole… rien que ça…
mais, pour tout dire, ça fonctionne… et plutôt rudement bien même… parce que, malgrè l’avalanche d’ingrédients convenus, les personnages échappent aux stéréotypes du genre… et qu’au delà des discours convenus « oh mon dieu nous sommes des immigrés et les français ne nous aiment pas » et « oh mon dieu nous sommes si pauvres quand d’autres sont si riches comme c’est injuste », on sent ici le réveil chez les ouvriers de la concience d’une force qui leur est propre, la force de leur travail, de leur nombre, et le début d’une remise en question de la notion de pouvoir, de sa légitimité… les premières grêves, les manoeuvres politiques locales, les trafics de guerre, le travail des femmes dans les usines, c’est tout celà qui resurgit sous la plume de l' »homme à la cravatte de tricot » (si c’est pas classe ça!)…

Un chouette livre donc, qui fait regretter de n’avoir connu que le Nice d’aujourd’hui sur fond de plages de galets, de gargottes à touristes et de décollages intempestifs… (l’aéroport se situant, je le rappelle, plus ou moins à 100m de la plage… ou presque… que c’est agréable…)

Et si je vous dis que, Max Gallo étant Max Gallo (l’homme dont le titre des livres est toujours suivi d’un chiffre romain…), ce livre n’est que le premier volume d’une suite romanesque qui comportera deux autres volumes… il n’y a plus qu’à les trouver!

*Gallo signifie coq en italien…