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Aujourd’hui je suis allée au musée de la Triennale voir l’expo de photos culinaires organisée par la revue Essen (avec qui j’avais travaillé pour mon projet sur le levain) (ce qui m’a d’ailleurs valu d’avoir ma photo en page 122 du n° de juillet de la très belle revue de culture contemporaine DAMN) (bon ils ne parlent pas du projet en soi, et on ne m’a toujours pas remboursé mes frais, mais j’suis dans DAMN quoi!) Où en étais-je? Ah oui, l’expo de photos, qui rassemble le travail d’artistes commissionnés par Essen, et les participations au concours organisé par ladite revue et par Lomography (fournisseur d’appareils photos trendy)…

Et bien c’était chouette! J’ai bien aimé la diversité des approches, des clichés de viviers d’anchois (Federico Garibaldi) à ceux d’intérieurs de frigos (Jennifer Abessira), de piques-nique vus en plongée en gros-plan de tartines, d’emballages en enseignes fluo… Un fouillis qui montre bien l’absence de cloisonnement dans la discipline, et surtout l’absence de règles, contrairement à ce que pourraient laisser penser les manuels qui fleurissent sur les étalages des libraires… (une bonne leçon pour moi aussi, qui me contente parfois d’ajouter deux bonhommes en plastiques sur une montagne de choux, faute d’inspiration…)

Photographier la nourriture, c’est transmettre à la fois un désir -de cuisiner, de manger, de composer avec les aliments- et une certaine perception esthétique, comme pour ces cuves de pâte photographiées comme des batiments (Delfino Sisto Legnani), ou ces photos de mode où l’ingrédient devient accessoire (Mara Corsino), se faisant a la fois emblème d’un mode de vie collectif et vecteur d’identité individuelle…

On pense aux gobelets Starbucks devenus fashion statement au même titre qu’un matelassé Chanel, on pense au bobs estampillés pastis des joueurs de pétanque sur la place, on pense aux gateaux à étage de ces cérémonies où plus personne n’a faim, mais que tout le monde réclame à grand cris… Ou comment la nourriture, à la base besoin élémentaire, est devenue un facteur déterminant de l’identité, tour à tour conventionnel, codifié ou transgressif, jusqu’à devenir une certaine forme d’art, au delà même du gout, et sujet d’un autre art majeur, la photographie… Courez-y!

A Taste Exhibition- jusqu’au 22 juillet- Triennale di Milano

ps: les mordus de photographie ne manqueront pas de profiter de leur visite à la Triennale pour faire un tour dans la très belle expo gratuite dédiée au photographe milanais Ugo Mulas, qui avait fait de l’art et des artistes son sujet de prédilection. On y découvre un Marcel Duchamp pas rigolard, des biennales vénitiennes détendues à souhait et des intérieurs de musée à couper le souffe… (jusqu’au 26 août 2012)

ps2: j’suis dans DAMN, j’suis dans DAMN!