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Une fois n’est pas coutume, on va parler de cinéma! De Fellini tout d’abord, pour qui vous savez que j’ai une adoration sans bornes (avant de le découvrir, le cinéma italien se résumait pour moi à une kirielle de navets!) (imaginez la prétention du jugement sachant que j’ai une culture cinéma proche du néant…), et de quelques autres, tout aussi délicieusement cinglés…

Quand Fellini raconte une histoire, on est toujours à la limite du n’importe quoi, quelque part entre le reportage et le reve (de ceux dont on se réveille en disant « nan mais franchement, qu’est ce que je m’invente, faut vraiment que j’arrète la raclette… »), quelque part entre l’observation scientifique des protagonistes et la création d’une toile de fond favorable à leur pétage de plomb…

Prova d’orchestra (Répétition d’orchestre) est tourné à la manière d’un reportage. Comme si une équipe de tournage invitée durant les répétition d’un orchestre interviewait les musiciens et différents protagonistes présents. Très vite on passe de dicours convenus sur la musique et le role de chaque instrument à des disputes (mais puisque je te dis que c’est le violon le plus important de l’orchestre), des menaces syndicales pour l’obtention d’une pause, les confessions du chef d’orchestre désabusé après sa douche, la colère des musiciens contre lui, la mutinerie qui s’ensuit et jusqu’à la démolition en direct de la salle de répétition… Au final, tout ce qui reste, c’est la musique!

Luci del varietà (Les feux du music-hall) est différent, puisque la fiction est ici assumée. On suit une troupe d’artistes de music-hall en tournée, avec sa dose d’applaudissements et de paillettes qui cache un quotidien plus sordide de pauvreté et de rivalités entre artistes, de lutte pour l’obtention d’une salle, de promotion-canapé pour danseuses… Etrangement, meme cet aspet glauque semble sortir d’un reve, et certaines scènes sont d’une fascinante beauté: l’improvisation chantante d’un prétendant de la belle Lilliana, le surréaliste festin aux chandelles, la piste de danse d’un restaurant huppé, un air de trompette dans la nuit de la rue… Comme souvent, à la fin de l’histoire, les personnages ne sont pas plus avancés qu’avant, avec seulement derrière eux une tranche de vie supplémentaire, faite de petites drames et de minuscules emerveillements…

Et pour finir (non, vous ne révez pas, j’ai bel et bien vu trois films récemment!), un film qui est un triptique cinématographique: trois épisodes, filmés conjointement par Eduardo de Filippo, Marco Ferreri et Luciano Salce, mais une meme formule, celle du dérapage encore, de la folie qui surgit au détour du quotidien de la vie de couple… Dans L’uomo dei cinque palloni, un homme sacrifie le temps passé auprès de sa belle fiancée sur l’autel de sa passion secrète, la recherche du degré de gonflage que peut atteindre un ballon de baudruche avant d’exploser… Dans L’ora di punta, un homme résout ses problèmes de couple sous la menace d’un pistolet chargé à blanc, et dans La moglie bionda, un mari ennuyé tente de vendre sa femme au riche propriétaire d’un harem de blondes… Trois histoires dingues où l’image de la femme n’est pas particuliérement glorieuse, à tendance tantot vénale, boudeuse et querelleuse, mais où l’on rit de bon coeur et où l’on salue, une fois encore, le talent d’acteur de Marcello Mastroianni, aussi génial en névrosé gonfleur de ballon qu’en insupportable compteur de billets…

C’est décidé, j’adore le cinéma italien!

(D’autres billets sur Fellini: Fellini toujours, Amarcord, Ginger et Fred, et E viva Fellini!)