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Je n’ai pas eu beaucoup de moments pour lire ces derniers temps… Dommage si on pense à la formidable pile de bouquins qui attend près du lit, et n’attends pour reprendre des proportions normales qu’un prochain voyage en train… En attendant, en grapillant des minutes, par-ci par-là, je suis tout de même venue à bout d’une BD sur les neurosciences, d’un roman sur les quetes spirituelles adolescentes sur fond d’Inde des années 80 , d’un guide de développement personnel orienté diététique et gestion du temps, et d’un recueil de nouvelles colorées sur le fou qui sommeille en chacun de nous… En gros, sans le savoir, je m’en rends compte en rédigeant cette intro, je vous ai fait un instant culturel psychiatrique! (après mon article de l’autre jour sur mon obsession du ménage en musique, vous allez vraiment penser que je débloque!)

elisabeth coudol

L’autre jour, je parlais avec une copine du fait qu’on a tous besoin, consciemment ou non, d’une soupape pour ne pas devenir fous, et je lui citais en exemple cette nouvelle d’Elisabeth Coudol où un bureaucrate ne supporte sa vie de chronométrée que grace à la perspective de retrouver son banc dans le parc à la pause déjeuner. Le jour où le banc est enlevé, forcément, tout bascule. Je crois qu’on a tous ce type de garde-fou, tout comme on a nos manies, nos obsessions, notre part de folie. Du coup, toutes les nouvelles de son recueil Sortilèges du bleu m’ont un peu parlé, de moi, des fous, de l’humanité. Evidemment, il m’a semblé connaitre ce garçon fuyant les photos, reconnaitre un profil ou des mots, et il va sans dire que la nouvelle sur l’obsédé de la couleur bleu Klein m’a semblée écrite pour moi (j’essaye de ne pas trop m’inquiéter au sujet de ma collection de céramiques du même ton). J’ai aimé la briéveté des textes- une fois le décor planté et la félure identifiée, pas besoin de broder, le regard bienfaisant de l’auteur sur ses doux-dingues et, forcément, cette espèce de fil bleu qui courre entre les histoires et m’est comme familier…

livre développement personnel

Il y a quelques semaines, je faisais mes courses au supermarché quand j’ai avisé un stand Thélethon qui vendait des livres à 1euro avec, sur le dessus d’une pile, le titre: Les décisions qui changeront ta vie. Evidemment, je l’ai pris, fan de la promesse d’une nouvelle vie shoppée avec le parmesan et les épinards, en bout de caisse, près du porte-parapluie. Evidemment, le lire n’a pas vraiment changé ma vie, même si j’ai appris 2-3 trucs sur les ferments lactiques, le tri des mails et les effets du jus d’orange pressé sur l’émail des dents.  A savoir si je pense vraiment, à l’insta de l’auteur Hilly Janes, journaliste santé, que des informations de ce genre puissent vous aider à mieux vivre, je n’en suis pas certaine, mais ce que j’ai aimé, c’est cette affirmation, preuves scientifiques à l’appui, qu’on nous donne trop d’infos sur quoi faire/manger/acheter/jeter et qu’à force, on ne sait plus sur quel pied danser. En bref, c’est bien d’être informé sans se laisser submerger, et rien ne vaut le bon sens pour déméler l’utile du futile. J’en veux pour preuve le titre donné au livre en français, où « les décisions qui changeront ta vie » a judicieusement été remplacé par « Pâtes ou pizza »?

matteo farinella hana ros

Quand vous étiez petits, vous étiez fans d’Il était une fois la vie n’est ce pas? Des histoires de vilains virus roux au nez crochus, et d’anticorps bien brushés dans leurs capsules motorisées? Aujourd’hui, vous êtes sans doute un peu grands pour croire que nos vaisseaux sont de simples tubes en plexi où se baladent des globules souriants, mais vous avez gardé dans un coin de votre tête l’idée que le dessin et les concepts shematisés n’ont pas leur pareil pour simplifier les données scientifiques… La BD Neurocomix de Matteo Farinella et Hana Ros repose sur cette idée: au travers des forêts de neurones ou des grottes de la mémoire, au hasard des rencontres avec un calmar géant ou une limace musicienne, on en apprend plus sur les neurosciences et le fonctionnement du cerveau. Qui a dit qu’en matière de livres, regarder les images était l’apanage des idiots?

le bonheur illicite des autres

Il y a des livres comme ça qu’on ne comprend vraiment qu’après les avoir fini. J’ai eu du mal au début à me passionner pour Le bonheur illicite des autres de Manu Joseph. Une histoire qui se traine, des personnages principaux pas vraiment attachant: le père alcoolique qui enquête sur le suicide de son fils, le frère pataud et la mère un peu folle, tous bourrés de défauts; et un seul personnage vraiment fascinant: Unni, le disparu, dont la présence s’imprime en creux dans le livre où on le découvre par bribes, au fil des témoignages, de souvenirs, et des trames des BD qu’il dessinait. Et c’est cette quête qui peu à peu devient passionnante: qui était Unni, que même sa famille n’a jamais vraiment compris? Que cherchait-il lors de ses expériences comportementales sur ses camarades, lors de ses entretiens avec un éminent neuropsychiatre, dans sa promiscuité avec des désaxés? Si le livre n’a pas la « formidable drôlerie » annoncée par la 4e de couverture, il a je ne sais quoi de banal mélé d’incongru qui fait les bons livres, et les histoires au bout desquelles on a envie d’aller!

Et voilà! Je vous reviens vite avec, je l’espère, de plus nombreuses lectures (J’ai un roman en cours de lecture qui parle beaucoup de morue, ça me semble parfait comme transition après cet instant culturel barré!). Mais dites-moi plutôt, puisque je serai bientôt en France pour quelques jours et pourrai dévaliser les libraires de quartier, vous avez lu quoi de bien dernièrement dans les nouveautés?