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Dimanche dernier, à défaut d’avoir le courage de pédaler sous la pluie battante pour aller assister à la remise des prix du Milano Film Festival, j’ai décidé de ne point négliger pour autant ma culture cinéma, en regardant (enfin) un film emprunté avant l’été: Il gattopardo (le guépard)… Un film qui s’annonçait en grande fanfare: l’adaption du livre de Guiseppe Tomasi di Lampedusa, proclamé Superlibro au dernier salon du livre turinois, avec Luchino Visconti, mythe du cinéma italien, aux commandes, l’unification de l’Italie en toile de fond, les splendides paysages de la Sicile en arrière-plan et une floppée d’acteurs de premier ordre: Burt Lancaster, Claudia Cardinale et même Alain Delon…

Et pourtant… Voilà qui n’a pas suffit à me tenir en haleine pendant 180 minutes (c’est long, 180 minutes)… Parce qu’étrangement, si au niveau historique il se passe des tas de choses, dans le film il ne se passe absolument rien… (si ce n’est lors de la brêve scène où Delon part à la conquête de Claudia Cardinale à grand renfort de blagues salaces au sujets de religieuses…) (là ça s’anime un peu…). Si le fim est sensé, comme le laisse penser sa conclusion, montrer l’immobilisme d’une société au milieu des plus grands changements apparents, je dois dire que c’est plutot réussi!

…Il y a quelques temps, un ami me faisait l’éloge du cinéma américain en me disant que les films américains, même les plus pourris, ne lésinaient pas sur les moyens pour planter une ambiance: un décor de fête, même dans une médiocre série B, est un vrai décor de fête, et non un vague coin de salle animé d’une plante et de deux ballons…

Je ne sais pas s’il a raison d’ainsi généraliser mais dans Le guépard, c’est un peu l’impression contraire qui domine… Les scènes d’assaut sont mimées par 30 figurants à chemise rouge et un son de trompette (j’imagine que le budget n’était pas celui de Gladiator, mais enfin quand même), les scènes de séduction filmées de loin avec le vague sous-titre « rires » (je l’ai vu en VO mais comme il y avait un peu d’accent dialectal sicilien dans les dialogues, j’avais mis les sous-titres en italien), il n’y a guère que la scène finale du grand bal qui ait été filmée sans économie…

Mais le pire truc, ce sont les dialogues… J’ignore si le scénariste avait baclé le travail ou si l’absence d’échanges entre les différents protagonistes était voulue, mais la succession de scènes de brouhaha sous-titrées « vociare incomprensibile »,  « dialoghi confusi » et « voci indistinte » (en gros, bruits et voix impossibles à distinguer) est impressionante… Heureusement que de temps en temps la princesse pique sa crise et que le prince se défoule verbalement sur le curé, sinon on s’ennuierait ferme…

Du coup, à s’ennuyer ainsi, on se met à mieux observer les scènes secondaires et les figurants… Et c’est ainsi qu’est apparu, au milieu de la troupe des garibaldistes, Mario Girotti, soit celui qui deviendrait 4 ans plus tard le blondinet aux yeux bleus du duo Bud Spencer/Terrence Hill… De quoi se divertir un instant et faire passer un peu plus gaiement 3-4 minutes, soit un cinquante-deuxième de la durée de ce très looong film…