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en raison de vacances itinérantes, et d’une préférence donnée à la marche et à la baignade plutôt qu’à la bronzette, je n’ai pas tant lu que ça… ce qui est sûr, c’est que j’ai lu un peu n’importe quoi, au grè des trouvailles locales et en vertu d’un principe d’économie de poids dû au sac à dos… (règles de base: un gros livre vaut mieux que trois petits, plus petit c’est écrit mieux c’est, etc…), d’où une selection qui n’en est pas vraiment une, de bric et de broc…

pour commencer, la découverte de l’été, deux livres de Jørn Riel , auteur danois délirant ayant passé 16 ans aux Groenland avec une expédition scientifique, dont il a ramené une série de racontars arctiques… au programme, des trappeurs chasseurs d’ours chez qui l’isolement a donné naissance à un sens de la logique un peu particulier, quand il ne les a pas lancé dans un vertigo sans fin, sur fond de distillation artisanale, de fabrication de traineau et de passion dévorante pour les veaux de boeufs musqués…
une sorte d’incongruité sur plage bretonne, mais incroyablement divertissante… dégottée à la librairie l’Encre bleue à Roscoff (Rue Jules Ferry), où les romans scandinaves se trouvent en bon nombre, au milieu d’une excellente selection de romans contemporains et de quelques bonnes idées, comme ce présentoir où chacun peut disposer un livre qu’il souhaite recommander aux autres clients de la librairie…

Autre livre, autre genre, puisqu’il s’agit là du premier tome des mémoires de Bob Dylan, paru aux Etats-Unis en 2004 et dégotté à la maison de la presse du Conquet… ce livre est assez étonnant (enfin surtout pour moi qui joue de temps à autre la fan de Bob, mais connait en réalité plutot mal sa vie et son oeuvre), entre anecdotes passionnantes et récits anodins, il fait fi de la chronologie, des lacunes biographiques (on le découvre amoureux d’une midinette de théatre, et dans un autre chapitre marié et père d’une tripotée d’enfants ( mais pas de la midinette en question…) , et parfois même, dirais-je fort subjectivement, de toute règle élémentaire de la modestie… ok, c’est Bob Dylan, il a bien le droit de se la péter un peu, mais que dire de cette auto-proclamation de visionnaire, de génie, quand on prone l’humilité et la volonté de disparaitre dans la masse et d’échapper au statut d’idole… hum hum… et que dire des sorties du genre « comme me le disait l’autre jour Bono des U2… » ou « un soir d’été après un diner dans la maison de campagne de Johnny Cash »…
En même temps, je râle mais j’adore, ce génie même pas maudit qui assume son statut de musicien qui a réussi, mais sans vouloir le revers d’être reconnu à l’épicerie, et qui prétend même avoir déjà feint d’être ivre en public pour descendre dans l’estime des gens! Sacré Bob, elle est bien bonne celle-là!

« le paradis des femmes », d’Ali Bécheur, écrivain tunisien, a quant à lui été dégotté à Perros-Guirec un jour de pluie… un joli livre, très bien écrit, où il raconte sa vie, sa ville, sa famille, tout ce qui fait qu’il est devenu cet homme, cet l’écrivain… un livre, non sur les femmes comme le titre semblerait l’indiquer, mais autour des femmes, de sa mère aux premiers émois de l’enfance en passant par les princesses peuplant les contes d’Ommi Khadouja, des femmes de sa vie à l’écriture elle-même, compagne aimée, délaissée puis retrouvée avec bonheur…
un joli livre, mais dont le souvenir s’effacera sans doute bien vite… il m’a manqué une présence plus poignante, plus sensible de la ville elle-même, quelque chose qui m’aurait donné envie d’aller la voir de plus près…
à tout hasard, je relirais tout de même avec plaisir un autre livre du même auteur…

Retour au nord avec Arto Paasilinna dont j’avais déjà lu la douce empoisonneuse sans enthousiasme particulier, mais que le choix fort restreint au Relay de Paris gare de Lyon m’a poussé à choisir… le résumé de la 4ème de couverture m’a beaucoup plu: un automobiliste heurte un lièvre, descend de voiture, réussit à retrouver l’animal blessé dans les bois, et décide d’y rester… on a vu plus élaboré comme situation de départ… et pourtant, c’est là que va commencer pour Vatanen, le personnage central, une vie passionnante de vagabondages, dont le seul point fixe sera le lièvre, désormais apprivoisé… en gros c’est l’histoire d’un homme et d’un lapin qui, ensemble, construiront des cabanes, lutteront contre des incendies, couperont du bois, sauveront une vache et partiront à la chasse à l’ours… en tout cas, moi, ça m’a plu!

j’ai choisi ce livre, devinez pourquoi, pour son titre bien sûr, et pour son épaisseur, 665 pages, de quoi tenir une semaine… du moins le pensais-je… l’histoire de Thomas Lieven, banquier stylé et sérieux, qui deviendra  malgrè lui  pendant la deuxième guerre mondiale agent secret, tour à tour pour le compte de l’Allemagne, de la France et de l’Angleterre, au hasard des captures et des arrangements conclus… Une sorte de palpitante saga historique, mais autour d’un seul personnage qui, talentueux, intègre et contre le patriotisme qui mène au meurtre, fera en sorte de ne jamais faire de victimes… un archétype de héros en somme, beau, élégant, courageux et honnète… et si je vous dis qu’en plus ce type-là sait faire la cuisine, et que ses aventures sont entrecoupées de recettes en tout genre, du Irish stew à la mousse au citron et cerises flambées, hum? ce livre se lit tout seul je vous dis! (pour l’anecdote, j’ai failli offrir ce livre une fois terminé à un clochard-lecteur dont le livre semblait proche du dénouement… le titre m’en a empéché, ça aurait semblé de l’humour de mauvais gout… et allez lui expliquer que, dans le roman, la phrase est attribuée à l’impertinente Joséphine Baker…)

Et pour finir, Into the wild de Jon Krakauer dont je reparlerai, et Le cabaret de la dernière chance de Jack London dont il me reste quelques pages à lire, et dont j’aurai sans doute l’occasion de reparler… Voilà pour les dernières lectures… et beaucoup d’autres en perspective, puisque je viens juste de recevoir mon carton envoyé de Paris… au programme, encore un peu de tout, entre autres des rockeurs, des policiers, un Gary inespéré, un Pulitzer et du Laurent Gaudé!