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La semaine dernière j’étais en vacances forcées, et j’en ai profité pour lire démesurément, tardivement, déraisonnablement… Ca tombe bien, les livres que j’avais fourré dans mon sac à dos à la dernière minute étaient juste parfaits, de ceux qu’on lit d’une traite, sans s’arrêter…

L’angoisse du roi Salomon de Romain Gary est sans doute ma lecture la plus réjouissante de ces derniers temps (je dis ça à chaque fois? je ne m’en plains pas!). Je retrouve avec plaisir cet auteur que je ne lis qu’avec parcimonie, de peur de voir arriver trop vite le moment d’en avoir fini avec lui (même si je me console en sachant que c’est avec grand plaisir que je les relirai à ce moment!). Ici, il touche avec sa justesse habituelle les thèmes de la compassion, de la pitié, de la vieillesse, la mort et la vie à deux, sous les dehors de la comédie et des personnages bouffes d’un mysanthrope comédien, d’un gigolo inquiet et de bénévoles dépressifs. De scènes cocasses en histoire d’amour-quiproquo, se joue tout l’art de vivre avec les autres, de supporter autrui et surtout soi-même…

sur la route de madison livre

Sur la route de Madison de Robert James Waller a été une autre très bonne surprise, une histoire d’amour à faire palpiter les plus retors, sans clichés ni longueurs, entre deux personnages qui se découvrent perdus et dans l’attente de cette rencontre innatendue, qu’ils ne pourront faire durer. On y (ré)apprends le charme des derniers cow-boys, des robes à fleurs et de comment l’épluchage de navets peut se révéler d’un érotisme torride! A savoir tout de même pour toute personne hypersensible, en post-rupture ou hormonalement fragile, cette lecture est à larmichette garantie!

chat japonais

Quand j’ai su que Genichiro Takahashi, l’auteur japonais de Sayonara Gangsters, était célèbre en son pays, et dans la même veine que Murakami, je m’attendais à un peu de fantaisie et beaucoup de poésie. En fait de tout ceci, c’est surtout incroyablement vaste et loufoque. L’histoire est décousue, on passe d’un dialogue de philosophes grecs sur le retour à des cours de poésie pour gente dérangée, de chroniques familiales pour le moins saugrenues en ode aux bonbons déclamé… Si le début semble cohérent, c’est avec un certain bonheur que l’on perd ensuite le fil, un peu comme dans un rêve par séquences décousues et sans but, et qui laisseraient au réveil une agréable sensation de divagation béate… J’avoue que les derniers chapitres dépassent un peu les bornes du n’importe quoi, et je suis loin de crier au chef d’oeuvre une fois ce livre refermé, mais la lecture est rapide et l’expérience de se laisser balotter au gré du délire de l’auteur en restant éveillé n’est pas sans charme, une fois le renoncement à comprendre accepté…

roman tonino benacquista

J’espère que le titre du dernier Tonino Benacquista, Homo erectus, n’a pas choqué mes compagnons de voyage du train Bâle-Milan… Parce que sous ses airs salaces et malgré ses personnages de maris trompés, couples volages ou prostituées, il ne développe en réalité que ce bon vieux thème de l’amour, et de cette incapacité pour les êtres à se passer d’une âme-soeur, quoiqu’ils en disent, pour les accompagner… Comme tous les romans de l’auteur, c’est fin, bien tourné, ça échappe à la caricature et ça se lit sans même lever les yeux vers la fenêtre et les montagnes suisses enneigées…

Voilà pour cette parenthèse au fil des livres! J’ai été très sage et n’ai pas profité de mon passage en France pour dévaliser les librairies, puisque je n’en rapporte cette fois qu’une monumentale biographie d’Albert Camus et quelques revues…