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Ayant la drôle d’idée de peu dormir en ce moment (bientôt sur complétement flou, mes astuces pour récupérer discrétement dans la journée, et un test comparatif d’anticernes) (je blague hein), j’ai lu plus que d’habitude, et je retrouve le plaisir de passer d’un univers à l’autre dans une même soirée, et de voir le stock posé à côté du lit diminuer à vue d’oeil (une expédition-livres en France est prévue bientôt, il faut faire place nette)…

Commençons avec un livre italien, le secret de Torrenova de Simonetta Agnello Hornby. Un titre digne d’une saga de l’été TF1 (il était pas bien le titre original donc?) pour un roman plein d’histoires de famille, de révélations, mais aussi de finesse dans l’observation des moeurs méridionales… Départ immédiat pour la Sicile, ses repas pris en famille où les potins et la sauce tomate coulent à flots… Una ambiance à la fois chaleureuse, faite de rires d’enfants, de confidences de femmes et de fierté d’appartenir au clan, et oppressante, où chacun se jalouse et se mèle des affaires des autres, de leur vie privée comme de l’état de leur compte en banque, dans une ingérance réciproque qui risquerait de tourner au drame sans la volonté commune de continuer à paraître… L’auteure est sicilienne et ça se sent, tant le tout est criant de vérité! (aux éditions 10-18)

Et c’est ensuite la voix de Claire Lamotte qui nous emporte avec #followme, recueil d’histoires nées de l’aventure du blog www.ctrl-tab.com. Un livre qui se lit d’une traite, car malgré la diversité des sujets abordés et des nouvelles qui se construisent parfois sur presque rien, on retrouve à chaque fois la même fluidité, cette belle écriture dépourvue de tics ou de formules banales intempestives qui vous porte d’histoire en histoire, comme lors d’une veillée de contes, à la rencontre de personnages tour à tour touchants, banals ou carrément loufoques… (aux éditions Kirographaires)

Et pour finir, j’ai lu Enola game de Christel Diehl, un récit de fin du monde ou presque, dans lequel une femme et sa fille se retrouve confinées dans leur maison après une mystérieuse catastrophe… Une lecture qui, chez ceux qui ont lu l’excellentissime La route de Cormac McCarthy, peut provoquer un certain malaise… Même duo parent seul-enfant, même revolver, même pluie de cendres, même toux ensanglantée… Cependant le traitement de l’histoire diffère bel et bien: là où le père chez McCarthy éduquait son enfant à la dure réalité, la mère d’Enola game protège sa fille d’un cocon de rêves et d’histoires. Des histoires du passé (« Raconte les myrtilles », « Raconte les étoiles filantes », « Raconte le foin, demande la petite »), qui magnifient le présent (« Depuis, elle garde toujours le revolver sur elle, […] elle dit à la petite qu’elle a décidé de se déguiser en cow-boy ») et dissimulent ses angoisses (« Lorsque la peur l’aissaille, elle fond sur son cahier »). Transformer un lit en cabane, une boîte de sardines en festin, un espoir en promesse, une douce façon de se protéger de la réalité qui rode au dehors, quitte à troquer la folie contre le désespoir… (aux éditions dialogues)

Et vous, que lisez-vous? Ma liste du printemps n’est pas encore arrétée, que me conseillez-vous?