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Ceux qui me suivent sur Instagram le savent déjà parce que j’ai bassiné tout le monde avec ça ces derniers temps, j’ai participé en novembre au challenge NaNoWriMo, un marathon d’écriture qui consiste à écrire au moins 50.000 mots en 30 jours, soit la taille d’un roman pas trop long (180 pages environ). Lancé en 1999, le projet a pris de l’ampleur et regroupe aujourd’hui plus de 400.000 participants. Il s’agit à la fois d’un site web, sur lequel s’inscrire et consigner ses progrès, mais aussi d’une communauté, internationale et locale, avec laquelle interagir via un forum et des rencontres « en vrai ».

nanowrimo 2019

Je me suis inscrite fin octobre sans trop réfléchir, en me disant que ça me ferait avancer sur mes projets en cours, sans trop savoir encore sur quoi j’allais plancher. Mais en fait, je suis partie sur complètement autre chose, une fiction sur la base d’une idée qui me trottait en tête, et j’ai donc commencé à écrire sans plan défini, sans limites, et j’ai avancé dans le noir sans savoir où j’allais pendant une bonne partie du défi.

Il faut savoir que le principe même du NaNoWriMo est de partir de zéro, sans avoir encore écrit une seule ligne, et d’écrire sans trop réfléchir, sans jamais se relire ni se corriger. Si le concept est un peu étrange, ça aide en effet à avancer sans perdre de temps ni se poser trop de questions (Par exemple j’ai nommé mes personnages au fil de l’eau en 15 secondes chrono, moi qui m’interroge d’habitude pendant des semaines à ce sujet). Je me suis quand même arrêtée plusieurs fois pour vérifier la cohérence temporelle de ce que j’avais écrit, et pour corriger des descriptions après m’être aperçue qu’il était impossible que telle pièce comporte une fenêtre, une fois le plan de la maison arrêté. En fait, si le challenge se limite à un mois, vous en avez pour un moment une fois terminé pour faire les corrections de la « bouillie » produite… Je ne me suis pas encore lancée dans ce travail de révision, mais je sens qu’il va y avoir de belles coquilles, et j’ai pas mal de recherches à faire pour étoffer et corriger certaines parties.

challenge nanowrimo

Dans les faits, tout le monde ne respecte pas nécessairement le règlement, et chacun s’arrange selon ses préférences. J’ai même croisé des gens qui rédigeaient leur mémoire de biologie ou qui préféraient écrire des textes courts plutôt que le fameux roman de 50.000 mots d’un seul tenant. Certains sont partis avec un plan hyper détaillé, ayant déjà en tête chaque partie, un découpage défini et une idée préétablie de la longueur de chaque chapitre, pouvant même se permettre de les rédiger dans le désordre selon l’inspiration du jour. J’admire ce sens de l’organisation, mais je crois que j’aurais l’impression d’aller bosser en m’organisant de cette façon, et puis j’aurais trop peur, en cas d’échec, de me retrouver avec un puzzle morcelé. A choisir, je préfère encore un texte inachevé, mais j’ai bien conscience que chacun a sa façon de fonctionner, et que ce qui marche pour moi pourrait en décourager d’autres, et vice-versa.

Coté communauté, j’ai trouvé ça génial de pouvoir parler d’écriture, vu que je n’ai presque jamais l’occasion d’en parler, n’ayant personne autour de moi qui se prête à l’exercice, et surtout de pouvoir en parler comme d’un truc « normal », sans que ça ait l’air prétentieux ou barré. La plupart des gens que j’ai rencontré écrivent vraiment pour le plaisir, sans se soucier d’être lus un jour, et nombre sont ceux qui ne reprennent jamais leur texte une fois le NaNoWriMo terminé, ils font ça chaque année pour le fun, sans arrière-pensées.

Autre point positif, j’ai rencontré toute sorte de gens, de tous les âges, de toute profession, des travailleurs et des étudiants, des freelance et des auteurs déjà publiés, avec ou sans enfants, qui écrivent en français ou dans une autre langue, mais tous réunis par cette même volonté de raconter des histoires, et j’ai trouvé ça fantastique. A dire vrai, je ne suis pas sure que j’aurais persévéré si les gens ne m’avaient pas plu, si je les avais trouvé prétentieux, sans intérêt ou pire encore, tous bâtis sur le même modèle. Sans déconner, c’est probablement la communauté la plus ouverte  et diversifiée avec laquelle j’aie eu l’occasion d’interagir, et ça n’a fait que renforcer ma volonté d’en faire partie et de rédiger, chaque jour, ces fichus 1667 mots.

nanowrimo lyon france

Déjà bien occupée par ailleurs, je n’ai pas participé à toutes les sessions collectives d’écriture, les fameux write-in, organisées à Lyon, mais à chaque fois j’ai trouvé ça top de pouvoir échanger, non seulement sur nos avancées respectives – remotiver ceux qui ont du retard, s’inspirer de l’expérience de ceux qui font le challenge tous les ans – mais aussi sur nos histoires. Je suis arrivée un jour avec une question botanique (Y’a quoi comme fleur des champs en décembre?) et des tas de gens se sont empressé de chercher avec moi. Une autre participante avait des questions concernant le maniement de l’épée, et un type qui était là et pratique justement l’escrime depuis 10 ans s’est mis à lui faire une démo avec un manche à balai. Ensemble on a parlé de déguisements, de chants traditionnels d’Europe de l’est, de tir à l’arc et de prénoms celtes, tout autant que de la durée de vie de nos batteries d’ordi. C’était réjouissant, et même si je préfère écrire seule chez moi, ces sessions collectives m’ont bien aidé à avancer*.

Aussi, je me suis rende compte que j’aime l’écriture comme j’aime la course, parce que toutes deux ne nécessitent que trois fois rien pour se lancer. Une paire de basket pour l’une, un ordi ou un cahier pour l’autre, et vous voilà lancé! Pour moi qui suis allergique aux gadgets, ce sont deux activités parfaites! Ça n’empêche pas certains d’investir dans des logiciels de correction, de mise en page ou d’écriture (Scribbook semblait avoir la cote chez les participants que j’ai croisés) mais je m’en suis tout aussi bien tirée avec ce bon vieux Word et un carnet!

nanowrimo marathon écriture

Mais venons-en au cœur du sujet. 50.000 mots en un mois, c’est jouable ou pas? Avant de commencer, j’avais fait une micro-recherche sur internet et j’avais vu que de nombreux articles concernant le NaNoWriMo s’intitulaient « Survivre au NaNoWriMo » ou encore « Comment vous préparer pour ne pas flancher » et ça m’avait un peu effrayée. Je n’ai pas l’esprit Crossfit ou No pain no gain et je me suis un instant demandée si je ne m’étais pas embarquée dans un truc un peu extrême… En fait, écrire 1667 mots par jour, puisqu’il s’agit de ça, c’est tout à fait jouable. J’en fais bien plus pour le boulot (ou parfois pour d’interminables instants culturels à rallonge ici même) et, même si écrire de la fiction est un tout autre exercice, on peut s’en tirer en y dédiant 2 ou 3 heures de sa journée. Ce qui est dur en revanche, c’est le coté Every fucking day. Tous les jours p*t***. Même quand t’as la flemme, mal au crâne ou la paupière qui tressaute. Même quand t’as des potes à dîner, envie d’aller au sport ou de manger autre chose que des pâtes ou de la purée. Même quand t’en as marre d’être assis et que tes yeux saturent d’être en face de l’ordi.

Du coup le choix qui s’offre à toi, c’est soit d’être studieux et de t’astreindre à écrire 1667 mots par jour, soit d’alterner périodes de flemme et grosses charrettes pour rattraper le retard. Y’avait un peu de tout parmi les gens que j’ai rencontré. Les mères de famille qui avaient congelé à l’avance de quoi survivre au défi (qui a dit charge mentale?) pour s’enfermer 2 heures par soir et écrire en paix, les chômeurs qui prenaient un max d’avance dans les premières semaines en espérant décrocher un contrat avant la fin du mois, les étudiants qui écrivaient la nuit et ronflaient en cours en journée… De mon coté, j’ai pu profiter de ma vie de freelance pour m’organiser: grâce à de précédents projets d’écriture, je connais mon fonctionnement et je sais que je donne le meilleur après 15h. C’est donc souvent en fin de journée que je m’y mettais, mettant entre 2 et 4 h à clôturer mon extrait du jour, à raison de 2000 mots à peu près, histoire de prendre un peu d’avance sur le quota imposé et d’avoir rapidement un jour de rab en cas d’imprévu.

ecriture roman nanowrimo

Finalement, je suis plus organisée que je ne le croyais et j’ai tenu bon, atteignant les 50.000 mots le 25 du mois (fierté intersidérale). Alors soit je n’ai pas fait autant de sport que d’habitude et j’ai mangé moins sainement qu’à l’ordinaire (les chips c’est bon mais les doigts gras sur le clavier c’est cracra), mais dans l’ensemble, j’estime m’être bien débrouillée. Je n’ai réellement fini mon récit que le 1er décembre, et j’ai un gros boulot de relecture qui m’attend à Noel, mais n’empêche, mon histoire a un début et une fin et je suis assez contente de plusieurs trucs qui se passent entre les deux.

Et vous savez quoi? Ce petit article fait 1667 mots déjà! Vous voyez que ça passe vite? Je suis très curieuse de savoir s’il y a parmi vous des gens qui ont déjà participé au NaNoWriMo et aussi ce que ça a donné. Si l’aventure vous tente pour l’année prochaine n’hésitez pas à vous manifester, je crois que je le referai l’année prochaine si j’en ai la possibilité !

remporter challenge nanowrimo

*A noter aussi, les groupes locaux ont des administrateurs qui font un boulot formidable pour animer la communauté (sur les forums et en vrai) et qui n’ont pas leur pareil pour (re)motiver ceux qui en ont besoin. Et sur le site et les réseaux sociaux du NaNoWriMo, il y a tout un tas de ressources pour avancer, notamment des petits mots d’autres participants ou d’auteurs reconnus. Je n’ai pas trop pris le temps d’explorer, mais j’ai tout de même lu la lettre qu’a écrite Neil Gaiman aux participants en 2007 et évidemment elle est <3