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le salon du meuble de Milan, ça fait des années que j’y viens… meme avant de vivre à Milan d’ailleurs… pour le salon lui-meme, les nouveautés, les projets d’étudiants, les matériaux novateurs… mais aussi pour ce joyeux bordel qui accompagne le salon, cirque milanais où se retrouvent les architectes de la planète entière, cirque baptisé « fuorisalone », une version populaire, gratuite et ouverte à tous du salon officiel… (un peu comme si, pendant les fashion week, les boutiques de pret-à-porter se mettaient aussi à l’humeur défilé+cocktail+scénographie…)En réalité, le fuorisalone a rarement brillé pour la qualité des produits présentés (meme si les vieux de la vieille disent toujours qu’il y a 15 ans c’était différent…), hormis quelques exception (Marteen Baas par exemple, meme si sa réputation n’est plus à faire)… du coup, le Fuorisalone est plutot une sorte de fete autour du design… avec distribution de bières, pin’s et barbes à papa, parfois du bon vin et meme à manger pour ceux qui savent dénicher les bonnes adresses, qui se chuchotent au coin des rues… des fois ça devient un peu n’importe quoi, quand Bonduelle ou Redbull s’invitent à la fete sans raison, que les commerçants des zones concernées doublent les prix le temps de cette affluence tant attendue, quand des amoncellements humains se créent au bord des routes, vautrés dans des hamacs installés pour la circonstance, humant l’air vicié au ras des voitures, ou quand Marcel Wanders (qui a abandonné, en meme temps qu’il troquait ses chemises roses pour des blazers bien coupés, le statut de génie prometteur pour celui de fétard patenté) (ouh la méchante) fait honte à la cristallerie de Baccarat en présentant une vilaine collection sous couvert d’une passion non dissimulée pour le vin…  mais en règle générale, meme si ces dernières années les soirées les plus en vue sont devenues privées et sur invitation seulement, l’ambiance festive est au rendez-vous le temps de l’absorbtion de cette foule cosmopolite aux yeux de pandas… (il parait aussi qu’il y a importation massive de prostituées russes pour l’occasion, on se croirait aux jeux olympiques tiens…)

Pour moi, ce fuorisalone est surtout l’occasion d’entrer dans des endroits dont l’accès est ordinairement privé, et de parcourir Milan avec un regard nouveau… et une perception doublée cette année des mots d’Enzo Mari, tirés du documentaire projeté au cinéma Gnomo à l’occasion du lancement du salon, désabusé par ce qu’est devenu le monde du design, où se mélangent stars, artistes manqués et opportunistes, dans un mépris des logiques de projettation, de production et de distribution, qui cèdent la place à la provocation et aux tendances, sans plus tenir compte de la qualité, matérielle et culturelle, des projets présentés… »adesso, il design è solo scegliere il colore della merda »…


exposition de verrerie dans un labo de chimie


une cour privée où sont présentés des eco-projets

Pour l’instant, seules deux choses ont retenu mon attention, la production, toujours exceptionnelle, du grand Tom Dixon (le seul catalogue que je daigne ramasser chaque année), et l’installation de Barovier&Toso (via Tortona), dont je découvre en feuilletant le guide Interni qu’elle a été réalisée par Paola Navone, qui chaque année est l’auteur de mes installations préférées… en somme, j’ai vu tout ce que je voulais voir, mais laisse tout de meme une chance aux autres de me surprendre autrement qu’avec un Sangiovese servi dans une coupe en plastique…

Barovier&Toso, installation de Paola Navone à laquelle mes photos ne rendent absolument pas justice, mais je pense que vous ne manquerez pas d’en voir de meilleures dans la presse…

Et puis, j’hallucine aussi sur une chose… chez plusieurs exposants j’ai pu voir de jolis bonshommes échelle 1/87… serais-je dans l’air du temps avec mes joueurs de pétanque? ou alors ils ont tous un Mec qui leur en a offert une boite à Noel? …

chez Baccarat